Une anomalie ayant affecté environ 350 éléphants de l’espèce menacée Loxodonta africana entre mars et juin 2020 a provoqué l’inquiétude des résidents locaux et des écologistes. Ces pachydermes marchaient en cercle, désorientés et en état de faiblesse avant de s’effondrer et mourir. Les zones de décès étaient situées dans le delta de l’Okavango, au Botswana et au Zimbabwe. Cependant, ce phénomène a épargné d’autres espèces d’éléphants.
Une enquête délicate pour déterminer la cause de décès
Face à ce drame inexpliqué, une enquête a été lancée par le gouvernement du Botswana, des ONGs telles que Éléphants sans frontières et le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) et divers scientifiques. Leur objectif consistait à déterminer les causes de ces décès soudains en autopsiant les dépouilles. Cependant, aucune trace de violence ou de produits chimiques susceptibles d’empoisonner ces créatures n’a été décelée, éliminant ainsi la probabilité d’une intervention humaine néfaste.
L’examen des pachydermes décédés n’a pas été une tâche facile, en raison notamment des conditions de travail difficiles dans les zones rurales et de la taille imposante des éléphants. Comme le souligne Chris Foggin, vétérinaire de la faune au Victoria Falls Wildlife Trust et enquêteur principal, identifiant à temps les cadavres pour effectuer des prélèvements de tissus a été un défi de taille.
Une cause identifiée : une bactérie
Après trois années d’enquête intense, des scientifiques ont finalement réussi à identifier le coupable : une bactérie, « Bisgaard taxon 45 », génétiquement proche de la bactérie Pasteurella multocida. Bien que cette bactérie ne soit pas complètement inconnue, elle n’avait jamais été associée à la septicémie chez les pachydermes d’Afrique.
– Découverte préalable chez les tigres, les lions, les tamias et les psittacidés.
- – Implication suspectée dans un cas similaire de décès de masse chez les antilopes au Kazakhstan.
Causalité entre stress et infection
En creusant davantage, les chercheurs ont découvert que le coupable invoqué pourrait avoir été un facteur de stress pour les éléphants. Une publication dans le journal Nature Communications suggère que le stress intense causé par une sécheresse persistante et la difficulté à trouver de la nourriture aurait abaissé les défenses immunitaires des éléphants, les exposant ainsi à une infection généralisée.
Vigilance accrue pour la protection des éléphants
Malheureusement, cette découverte ne rassure pas les chercheurs et les écologistes. Le nombre d’éléphants de la savane africaine diminue d’environ 8% chaque année et ne compte désormais plus que 350 000 individus. Nos amis de la Université de Surrey nous rappellent que cette situation vient s’ajouter aux nombreuses menaces auxquelles les éléphants sont confrontés.
Les auteurs de l’étude souhaitent poursuivre leurs recherches sur le lien entre stress, état écologique et disponibilité de la nourriture. Le but étant non seulement de comprendre l’origine de ces épidémies mais aussi de proposer des stratégies d’intervention, voire un vaccin.